« Les développer en tant que personnes et en tant que joueurs » : Entretien avec Sébastien Degrange

Arrivé cet été en tant que directeur du centre de formation, Sébastien Degrange a connu des premiers mois chargés ! On a souhaité apprendre à le connaître plus en profondeur. Entretien.

Sébastien, peux-tu nous dire un mot sur ton parcours ?

« J’ai été formé au centre de formation de Louhans-Cuiseaux mais je ne suis pas sorti professionnel. J’ai ensuite rejoint l’AS Saint-Etienne en 1998. J’ai été éducateur des U16 pendant quatre ans. J’occupais également des missions de surveillant, d’intendant. Puis je suis parti à Dijon, où je suis resté 20 ans. J’y ai tout connu : d’abord les U18, puis le staff professionnel, avant de revenir chez les jeunes avec les U17, les U19 et la N3. Puis d’occuper le poste de directeur du centre de formation. Je suis retourné chez les jeunes car j’avais la sensation de pouvoir leur apporter et leur transmettre davantage de choses que chez les seniors. J’ai ensuite eu l’opportunité de rejoindre Angers en tant que directeur du centre de formation, où j’ai aussi eu les rênes de l’équipe réserve en N2 en fin de saison. C’était une belle expérience mais j’ai souffert de l’éloignement familial et je suis rentré chez moi huit mois après. J’ai ensuite suivi le programme DMVE avec l’unecatef pour continuer de me former. Et j’ai trouvé le beau projet de l’ESTAC. »

Justement, qu’est-ce qui t’a séduit à l’idée de rejoindre le club ?

« C’est un club que je connaissais déjà, qui travaille bien au niveau de la formation depuis des années avec des bonnes équipes, beaucoup de joueurs qui sortent pro et qui brillent au haut-niveau. Puis la méthodologie City m’intéresse beaucoup et me permet de continuer à apprendre. Je ne suis pas déçu car j’ai vraiment trouvé ici ce que je souhaitais. Le travail effectué par mes prédécesseurs a été très bon et j’en profite aujourd’hui, dans un club vraiment bien structuré. Je comprends pourquoi ça fonctionne, et je vais essayer de faire perdurer la qualité de la formation troyenne. Géographiquement, je reste aussi proche de ma famille. »

Quelles ont été tes premières impressions quand tu es arrivé ?

« Déjà, j’ai été assez impressionné par le niveau des joueurs du centre de formation de l’ESTAC. Il y a beaucoup de qualité et d’homogénéité. Je me suis dit qu’il y avait un travail qui avait été bien fait entre à la fois des jeunes du cru et des joueurs venus d’ailleurs. Le recrutement est vraiment bon, avec des joueurs à fort potentiel. »

Qu’est-ce qui, d’après toi, fait la réussite du centre de formation troyen ?

« Il y a une grosse partie liée au recrutement. On arrive à trouver des très bons jeunes, originaires principalement de la région parisienne. Puis malgré le fait d’appartenir à un district avec peu de licenciés, des jeunes du cru sortent aussi pour chaque génération donc il doit y avoir une certaine fibre ici. L’ESTAC dispose d’une belle image, les joueurs sont motivés à l’idée de venir et de se battre pour le maillot. Enfin, avec la méthodologie City – même si les résultats étaient bons avant leur arrivée – il y a un projet de jeu identifié, qui fonctionne. »

Plusieurs joueurs ont signé leur premier contrat professionnel à l’ESTAC la saison passée ? Est-ce le principal objectif d’un centre de formation ?

« Évidemment, le centre de formation a pour objectif d’apporter des joueurs à l’équipe première du club. Mais c’est aussi très important de penser à tous les autres, ceux qui ne finiront pas professionnels à l’ESTAC. Ces joueurs-là auront quand même eu une vraie formation et on espère qu’ils pourront s’épanouir ailleurs, dans le football ou non. »

Quel est ton regard sur le début de saison de nos différentes équipes ?

« En N3, on est proche de basculer sur du très positif. Alou (Diarra) dispose d’un groupe rajeuni par rapport à l’année dernière, il faut du temps pour tout mettre en place mais les résultats vont arriver, à l’image du week-end dernier à Torcy. Les résultats des U19 et U17 viennent, eux, conforter la qualité et l’homogénéité des effectifs. Même avec des absents, on arrive à obtenir des résultats presque tous les week-ends. Même s’il faut rester mesurés, il y a une vraie continuité à l’ESTAC depuis plusieurs saisons qui n’est pas anodine. Ça montre qu’il y a une méthodologie qui marche et un travail qui marche. »

On parle beaucoup des garçons mais l’ESTAC dispose aussi d’une section féminine de qualité ? Quel est ton avis sur celle-ci ?

« Développer cette section féminine fait partie du projet de l’ESTAC. Ce qui est compliqué, ici, c’est le peu de licenciées, pratiquantes dans l’Aube. Il faut donc d’abord développer la base pour avoir plus de filles : Karim (Grimet, entraîneur des féminines) participe ainsi à des réunions avec le district, on réfléchit au développement du football féminin dans les écoles pour sensibiliser les jeunes filles. Il est nécessaire de partir de la base et ne pas se précipiter. »

En tant que directeur du centre de formation, quel est ton rôle précis ?

« Mon rôle est de créer du liant entre tout le monde. Il faut que tout le monde soit aligné par rapport à l’institution qu’est l’ESTAC et que tout le monde aille dans la même direction. Il convient donc de rassembler les gens autour du projet de la formation troyenne : considérer les jeunes dans leur globalité et les développer à la fois en tant que personnes et en tant que joueurs. »

Développer les jeunes en tant que personnes passe aussi par des actions en dehors du football, à travers les aspects scolaire et socio-éducatif notamment…

« Ces aspects font partie du triple projet de l’ESTAC : sportif, scolaire et sociétal. On a la chance ici d’être très bien structurés, d’avoir des équipes investies pour l’équilibre de nos joueurs. Je reviens sur l’importance de développer le jeune dans sa globalité. On se trompe si on souhaite uniquement développer le jeune joueur et non le jeune homme. Si les jeunes ont des résultats, c’est aussi grâce à l’ensemble des salariés de l’Association, du scolaire au socio-éducatif… Car il est très important pour eux de rester équilibrés et d’avoir une vie « normale » pour des jeunes sportifs de haut-niveau. »

Le club troyen se veut proche de son territoire et de ses différents acteurs. Le centre de formation a aussi un rôle à jouer sur cet aspect…

« L’identité locale doit faire partie de l’identité de l’institution. L’un ne va pas sans l’autre. L’ESTAC est le seul club professionnel dans l’Aube, tous sports confondus. Nos jeunes joueurs et joueuses retranscrivent ainsi une certaine image. Il faut leur faire comprendre qu’ils défendent un logo, une institution. Les institutions et sponsors qui nous suivent sont tous locaux, ça fait partie de l’identité, donc on réfléchit aussi nos actions à travers ce biais. »

Pour finir, comment te sens-tu depuis ton arrivée à la fois au sein du club et de la ville ?

« J’ai été très bien intégré et accueilli. On a une équipe jeune, dynamique, et c’est toujours plus facile d’aligner les personnes quand il y a des résultats positifs. Je n’ai pas encore eu trop le temps de découvrir la ville ! Je suis allé visiter la Cité du Vitrail, le centre-ville, testé certains restaurants sympa… On est dans une belle ville, à taille humaine, qui me correspond bien. »

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