Rennes-ASTS : un match historique il y a 70 ans
Histoire23 décembre 2024
23 décembre 2024
On profite de la venue du Stade Rennais au Stade de l’Aube dans quelques semaines pour vous raconter l’histoire d’un autre match décisif entre ces deux équipes qui s’est disputé il y a 70 ans… Une rencontre capitale et historique pour les Troyens ! Photos : Collection : CC.
Professionnelle depuis 1935, l’ASTS (l’Association Sportive Troyes Sainte-Savine) avait réussi quelques coups d’éclat comme une demi-finale de Coupe de France en 1950, mais elle avait plutôt végété en championnat. Pourtant, depuis l’arrivée du nouvel entraîneur Roger Courtois, à l’intersaison 1952, et la volonté de certains patrons bonnetiers de donner des moyens financiers plus importants au club troyen, on assiste depuis à quelques frémissements encourageants. C’est ainsi que la saison 1953-1954 voit l’ASTS lutter toute la saison avec les meilleures équipes pour tenter d’accéder pour la première fois de son existence en Première Division.
Un point suffit pour valider la montée
Les données sont simples. A la veille de cette 38e et dernière journée de 2e Division, l’ASTS, qui vient d’écraser Grenoble 7-1 au Stade de l’Aube, est deuxième du classement avec un point d’avance sur le Racing de Paris et deux points sur Rouen. La victoire ne valant que deux points, les Troyens n’ont donc besoin que d’un seul pour assurer leur montée. Le match nul est donc le résultat minimum qu’ils doivent obtenir à Rennes.
Dernier adversaire de la formation troyenne, le Stade Rennais, sixième, n’a plus rien à craindre ni à espérer. Ils n’ont pas gagné́ un seul de leurs trois derniers matches et restent sur deux défaites. Les Troyens sont sur une série de 17 matches sans défaite (13 victoires et 4 nuls).
Tout le monde se dit que l’ASTS risque bien de gagner ce match, d’autant qu’à l’aller, le 13 décembre à Troyes, les Rennais ont encaissé un 8-1 qu’ils n’ont pas oublié́. Mais tout le monde se trompe, le Breton a de la mémoire. Les Rennais, humiliés au Stade de l’Aube, veulent leur revanche et c’est un match très disputé qui va se dérouler au stade de la Route de Lorient.
Quand l’ASTS bétonne
Le match débute normalement, l’ASTS produit son jeu léché́ habituel. C’est un match plaisant auquel assistent les 7 184 spectateurs présents, avec une légère domination troyenne qui aurait même pu se traduire par un avantage. La mi-temps arrive alors que le score est encore de 0- 0.
A la reprise, c’est pourtant le changement de décors, Rennes se met délibérément à attaquer ! Les locaux ont changé de stratégie et jouent pour gagner. L’ASTS est surprise, étonnée… et bousculée ! Alors, les Troyens vont adopter une attitude qu’on ne leur connaissait pas. Pour s’accrocher au point du match nul, ils vont tout simplement bétonner ! On va voir par exemple Pierre Flamion (milieu de terrain offensif) se positionner devant le défenseur central. C’est une organisation inhabituelle à laquelle les Rennais ne s’attendaient pas. Les Troyens, comme leur permet le règlement de l’époque, n’hésitent pas à passer le ballon en retrait à leur gardien pour que celui-ci le saisisse à la main avant de le dégager loin.
Après une grosse frayeur à la 88e minute de jeu qui sera l’ultime occasion rennaise, l’arbitre sifflera quelques minutes plus tard la fin de la partie.
L’accueil des supporters à la gare de Troyes
Les Troyens vont pouvoir laisser éclater leur joie ! Pour la première fois, Troyes va jouer en première division ! Les joueurs sont extenués mais ivres de bonheur. A l’hôtel où est descendue la délégation troyenne, le champagne coule à flot, avant de reprendre le train pour Troyes.
Le lendemain matin, bien qu’on soit un lundi, plusieurs dizaines de supporters sont à la gare de Troyes à l’arrivée du train de 10h13 en provenance de Paris. A leur sortie, les joueurs et leur entraineur reçoivent une formidable ovation !
STADE RENNAIS 0-0 ASTS – 30 mai 1954 : 38e journée de 2e division
Parc des Sports de la Route de Lorient – Bon terrain : 7184 spectateurs
Rennes : Pinat – Pécout, Poulain, Nuevo – Cueff, Le Dren – Baillot, Bengtsson, Caiero, Vialleron, Gondoin. Entraîneur : Salvador Artigas.
ASTS : Landi – Thuane, Pordié, Czapski – Thomas, Ferrad – Courtois, Flamion, Césari, Ben Tifour, Bessonart. Entraîneur : Roger Courtois.